Résume de l’éditeur : « Maya vit dans les Ruines, une ancienne zone urbaine délabrée où plusieurs communautés se sont installées pour tenter de survivre. La jeune fille a cependant un autre objectif : la Ville. Située à quelques heures des Ruines, la cité, fermée de hauts remparts, est un véritable mystère. Tous ignorent ce qu’il s’y passe, mais Maya en est certaine : la vie est forcément meilleure là-bas. Elle est déterminée à entrer dans cet Eldorado, coûte que coûte.
Noé vit dans la Ville d’Asile, où il n’a jamais manqué de rien. Devenu militaire et chef d’escouade, il est met un point d’honneur à se montrer digne de ses responsabilités, servant fidèlement le gouvernement. Pourtant, au fond de lui, Noé a toujours été secrètement attiré par les Plaines Sauvages, ces immenses étendues désertes qu’il a sondé des milliers de fois depuis les remparts. Prétendument peuplées de bêtes féroces et de rebelles dangereux, aucun citoyen n’est autorisé à fouler ces vastes steppes. Secrets, complots, corruption, trahison, le chemin vers la liberté est semé d’embuches, mais Maya et Noé, aidée de leurs amis, sont prêts à tout. »

L’intrigue prend pour point de départ l’arrivée de Maya qui, accompagnée de ses deux acolytes, tente d’entrer de force dans la ville d’Asile afin d’échapper à la misère des Ruines et d’envisager un avenir meilleur pour elle et ceux qui l’entourent. Une fois les barrières franchies, un nouvel obstacle surgit devant elle : comment faire accepter un autre mode de vie ? Comment faire comprendre à un régime autoritaire (dont les membres faisant partie d’une forme d’élite de l’ancien monde) la chance qu’ils ont d’avoir accès à de la nourriture, à de l’eau potable, à l’instruction des jeunes enfants… alors que dans les ruines voisines chaque jour est une lutte pour sa propre survie ? Comment leur faire entendre que tout le monde mérite cette vie ? Et comment Maya parviendra-t-elle à faire accepter aux siens cette vie si différente de celle qu’ils ont toujours connue et qui n’est peut-être pas à la hauteur de leurs espérances ?

En effet, si Maya était irrémédiablement attirée par Asile, elle ne tarde pas à en découvrir le côté obscur. Certes elle vit dans une extrême pauvreté, dans la peur d’un groupe de dissidents qui agit sauvagement envers les habitants des Ruines, les contraignant à suivre leurs lois (et c’est d’ailleurs en partie à eux que Maya et son groupe tentent d’échapper) mais ils gardent tout de même une certaine forme de liberté que les habitants d’Asile ont totalement perdu.
Une des questions universelles qui se pose alors, et qui est finalement très prosaïque est : l’herbe est-elle vraiment plus verte ailleurs ?

Face à elle il y a Noé, un jeune soldat de la ville d’Asile qui semble comme découvrir l’existence d’un autre monde très éloigné du sien. Habitué à un univers où il ne manque de rien, où les siens sont en sécurité, il n’aurait pu imaginer que de l’autre côté du mur se trouvait une détresse inimaginable ; des gens qui se battent pour exister, pour vivre par leurs propres moyens, qui luttent contre un groupe armé, uniquement parce qu’ils n’ont pas eu autrefois la chance de faire partie de l’élite, celle qui fut sauvée. Comment continuer de tolérer à vivre dans un monde qui semble parfait, un monde aseptisé où les besoins élémentaires de chacun sont assouvis, alors que dehors, certains n’ont strictement rien. Noé devra se battre s’il veut faire changer les mentalités au sein même de sa propre société. Et il rencontrera probablement une résistance à laquelle il ne s’attendait certainement pas.

Leur rencontre fait ainsi vaciller leurs deux mondes et remettent leurs certitudes de toujours en question.

J’ai beaucoup aimé ce roman au rythme soutenu qui s’inscrit dans la lignée des dystopies actuelles, et notamment dans celle de Divergente de Veronica Roth (je parle de lignée et non pas de copier-coller puisque les deux histoires sont fondamentalement différentes).
Ce que j’ai vraiment apprécié c’est l’alternance de point de vue entre Noé et Maya. Je pense que chacun peut ainsi suivre intimement l’évolution de son personnage chouchou (qui est Noé pour moi 😉). Le fait d’avoir deux visions nous permet aussi de voir l’histoire sous deux angles…. (c’est clairement un poncif ce que je viens d’énoncer mais…) mais en sachant qu’ils suivent la même trame narrative et se complètent donc. Je pense à un ouvrage tel que Dix jours avant la fin du monde de Manon Fargetton où l’alternance de point de vue entre 5 personnages permet de connaître le passé de chacun, sans que cela fasse progresser l’histoire. Alors qu’ici, ceux de Maya et Noé font, ensemble, avancer l’intrigue.

Derrière l’histoire de Maya et Noé , c’est aussi une vision de notre propre société qui est remise en question. Peut-être fermons-nous les yeux sur ce que nous refusons de voir, parce que cela heurte notre conception intime du monde tel que nous voudrions qu’il soit, et finalement peut-être pas tel qu’il est. Un peu comme Maya et Noé nous espérons que l’herbe soit plus verte ailleurs, mais nous revenons souvent à nos origines, même si cela ne nous empêche pas de faire parfois évoluer les choses positivement.

En bref, si vous aimez les dystopies, je pense que l’histoire de Maya et Noé saura vous charmer d’autant que, derrière l’histoire d’Asile et des Ruine, se cache un message beaucoup plus profond et universel.